Albertville : les Postiers maintiennent le mouvement de grève contre la réorganisation du Centre de Tri
Nullement découragés par la froideur humide de novembre qui s’est installée, les Postiers poursuivent leur mouvement de grève contre la réorganisation du centre de tri… ou plutôt la désorganisation honteuse de leur métier déplorent-ils.
Albertville
Autour du poêle ils en conviennent, oui, ils sont moins nombreux, « mais la grande majorité des salariés nous soutient, sans compter ceux qui sont en arrêt maladie, accablés notamment pas le fonctionnement qui leur a été imposé avant le rush de Noël ». « Aujourd’hui, nous demandons à la direction de faire machine arrière et de renoncer à un système qui ne nous place pas en de bonnes conditions pour assumer correctement notre métier ». Ils dénoncent toujours les 7 postes et demi supprimés sur le centre de tri d’Albertville… « Certes, leur rétorque-t-on, mais la direction régionale a annoncé la signature de 18 CDI depuis le début de l’année ! ». Les syndicalistes rigolent. Jaune. « Les 18 postes, c’est sur l’ensemble des bureaux, de Val d’Isère à Val Thorens en passant par Moûtiers. À Albertville, il y a eu la signature de deux CDI. Mais en fait, ce sont un CDD et un contrat professionnel qui ont été transformés en CDI. Il y a bien 7,5 postes en moins pour beaucoup de travail en plus ! ».
« On détruit le métier de facteur »
Le mouvement dure, « mais face à nous, un mur, une absence totale de dialogue. Nous avons déposé un droit d’alerte pour risque grave et imminent. Une réunion extraordinaire demandée par l’inspection du travail a eu lieu la semaine dernière avec à l’issue la décision d’une enquête sur le travail des agents. Ils sont en train de détruire le métier de facteur en le sciant en deux, d’un côté ceux qui trient, de l’autre ceux qui distribuent ».
Selon eux, l’intransigeance de la direction de La Poste a une explication : « En 2020, la Caisse des dépôts et des consignations a racheté la Poste pour 5 milliards d’euros. Pour optimiser son service colis, 1 milliard de plus a été requis avec l’acquisition d’une société de transport. La Caisse des Dépôts a cependant signifié qu’a la fin de l’année, il manquerait 180 millions d’euros et qu’il fallait les trouver. C’est pour cette raison que la réorganisation arrive au mauvais moment et en force. ».
«Un dialogue social régulier s’est instauré»
Pour la direction de La Poste : « Le métier de facteur évolue parce que la société évolue. La Poste doit faire face à une mutation de la nature de ses activités : au niveau national, la baisse des volumes du courrier à distribuer est continue depuis 2008 avec une diminution de 16,2 % entre 2019 et 2020 (soit le double de ce qui était prévu). Sur le secteur d’Albertville cette baisse est encore plus forte avec une chute de 20 % du courrier à distribuer, soit 1,6 million de lettres en moins à distribuer en 2021 par rapport à 2019.
« Une organisation sans impact sur l’emploi »
En tant qu’employeur responsable, La Poste doit faire face à ce changement sociétal, notamment en adaptant ses organisations à de nouvelles activités comme l’apport de services à domicile. Pour ce faire le métier de facteur doit se positionner au plus près de ses clients et cela est rendu possible par une répartition différente de ses tâches. Cela concerne précisément la préparation et le tri des plis en amont de la distribution. Cette tâche sera désormais accomplie plus tôt le matin par un préparateur spécialisé, ce qui permettra au facteur en charge de la distribution de démarrer en décalé sa prise de service de façon à être au plus près de ses clients tout au long de la journée. Tous ces changements s’effectuent sous des normes de conduites et d’accompagnement du changement définis en amont de toute réorganisation.
« 7 recrutements en cours »
Pour accompagner ces changements d’organisation, les agents ont tous été reçus individuellement pour leur présenter les nouveaux enjeux et l’organisation des tournées qui en découle. De surcroît, le CHSCT a été informé chaque mois et un dialogue social régulier s’est instauré.
Il convient de souligner que la nouvelle organisation est sans impact sur l’emploi : il n’y a aucun licenciement. 18 CDI ont été recrutés sur la zone d’Albertville en 2021, dont 4 CDI recrutés à Albertville même depuis le début de l’année et deux qui sont en cours, soit un total de 6 embauches. Et 7 recrutements sont en cours pour assurer la « peak période » et le surcroît d’activité de fin d’année ».