FerroPem La Léchère : les salariés se préparent à des actions, comme bloquer l'accès aux stations

Publié le par Union Locale Cgt Albertville

Dauphiné libéré ce matin : l’hiver promet d’être chaud avec les FerroPems

« Sommes-nous prêts à mener des actions borderline ? » En réponse, une majorité de bras se lève. Réunis, ce vendredi 19 novembre, les salariés de l’usine Ferropem de Château-Feuillet ont débuté un nouveau chapitre de leur lutte. Ils parlent de bloquer les routes des stations à Noël

Réunis en assemblée générale, les salariés de FerroPem ont dit leur détermination à se battre pour faire pression sur l’État et FerroGlobe.

Depuis mars 2021, les 221 FerroPems de Château-Feuillet (La Léchère) et leurs cinq collègues chambériens vivaient avec la menace de la fermeture de leur usine. Depuis lundi 15 novembre, la menace s’est transformée en certitude. Le groupe FerroGlobe a annoncé le maintien de l’activité à l’usine des Clavaux, à Livet-et-Gavet (Isère), et la poursuite du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) en Savoie. Ce qui signifie la fermeture de l’usine de Château-Feuillet. 

La messe était dite pour les 226 salariés savoyards ou presque…

Car maintenant que se sont envolés tous les espoirs de voir FerroGlobe interrompre la procédure de fermeture de Château-Feuillet, il reste deux options pour lesquelles les salariés entendent se battre : la reprise du site par un autre industriel et les négociations pour obtenir le meilleur PSE possible (indemnisations de licenciement, primes à l’embauche, aides à la création d’entreprise, financements de formation…). Et pas question pour la CGT de céder aux souhaits du groupe de tout boucler rapidement… Selon le syndicat, les négociations pourraient durer encore deux mois et demi.

Pendant cette période, les salariés entendent durcir le ton tout en montrant leur attachement à leur entreprise. Ce vendredi, une grosse centaine d’entre eux se sont réunis en assemblée générale. Ils ont décidé que dès lundi matin, ils se retrouveraient par roulement devant les grilles de l’usine « pour renvoyer une image de salariés unis et déterminés ». Un lieu de rassemblement qui devrait être le point de départ d’autres actions plus spectaculaires. « Sans mordant, on ne fera rien, a lâché ce salarié, il faut commencer à se bouger ! » Ont été évoqués des opérations “péage gratuit” à Saint-Hélène-sur-Isère ou escargot sur la RN90, le blocage de voies SNCF, des manifestations au Trophée Andros début décembre à Val Thorens ou devant la préfecture et bien sûr l’idée a été lancée de bloquer les touristes sur les routes des stations à Noël.

Deux ou trois repreneurs sérieux

L’objectif, c’est de faire pression sur l’État. « Il faut faire en sorte que le gouvernement oblige FerroGlobe à nous vendre à un concurrent », a lancé Mustapha Haddou, secrétaire CGT du comité central d’entreprise. Soyons réalistes, si on veut travailler, ici, demain, c’est en faisant du silicium et des ferroalliages. »

Ralph Blindauer, l’avocat des salariés, avait annoncé quelques minutes plus tôt « deux pistes de reprise qualifiées de sérieuses, voire très sérieuses, par le gouvernement. Dont un industriel avec des activités similaires. » Le député (LR) Vincent Rolland parle, lui, de trois repreneurs très intéressés par la main-d’œuvre qualifiée de Château-Feuillet et les installations de premier plan du site. Des repreneurs pour qui la situation s’est aussi clarifiée, selon le conseiller régional, Fabrice Pannekoucke, maintenant qu’ils savent que FerroGlobe ferme Château-Feuillet. « Et la Région sera là pour les accompagner.» Reste la question essentielle de savoir si le groupe américano-espagnol est prêt à vendre le site savoyard ou s’il ne préférerait pas le laisser en stand-by pendant des années. C’est l’une des éventualités à craindre et que veut surveiller le conseiller régional.

Dans cette période sous haute pression qui commence, certains salariés ont dit leur crainte de perdre la sympathie des habitants du territoire en fonction des actions menées. Plusieurs ont demandé que la communication soit renforcée. André Pointet, président de la Communauté de communes des vallées d’Aigueblanche, a abondé dans leur sens et proposé que l’association des maires de Tarentaise serve de relais à leurs informations. « Pas de travail isolé », a suggéré Fabrice Pannekoucke, tandis que les représentants départementaux de la CGT invitaient les FerroPems à rejoindre d’autres mouvements comme ceux des facteurs du centre de tri d’Albertville ou ceux à venir dans le secteur des remontées mécaniques.

 

Ils veulent obliger FerroGlobe à vendre

 

« Patron voyou » pour les uns, « industriel aux mauvaises valeurs » pour d’autres : les qualificatifs ont fleuri au sujet de FerroGlobe, vendredi, lors de l’assemblée générale des salariés. Si le groupe propriétaire de FerroPem est si décrié c’est qu’il ferme l’usine de Château-Feuillet alors que l’expert aggré par le ministère du travail affirme que « les marchés du silicium et du silico-calcium sont hauts et que le site serait rentable ». Dans le même temps, FerroGlobe semble tout faire pour s’opposer à la reprise du site par un concurrent potentiel. Cerise sur le gâteau : l’industriel candidaterait à des aides de l’État dans le cadre du plan France Relance. Du coup, salariés, syndicats et élus partagent le même point de vue : pas un centime de l’État ne doit aller à FerroGlobe tant qu’il n’a pas accepté de vendre Château-Feuillet. Le député (LR) Vincent Rolland est aussi très vigilant sur les aides que pourrait obtenir FerroGlobe. « En tant qu’industriel hyper-électro intensif, il pourrait toucher en 2022 une avance sur la compensation carbone. Une avance conditionnée par des investissements en lien avec l’environnement. Pour réaliser ces investissements, FerroGlobe pourrait faire appel à des aides publiques. Je demande qu’elles soient conditionnées à une cession du site de Château-Feuillet. »

 

Ce qu’en dit le ministère de l’Économie

 

 « Ce qu’on attend de FerroPem, ce sont des conditions de PSE favorables pour que les salariés puissent rebondir rapidement et que la recherche de repreneur soit aussi exemplaire. Il y a une volonté forte du gouvernement pour que ça reste un site industriel et que tous les possibles soient sur la table, y compris une reprise par des concurrents potentiels. »

Publié dans COMMUNIQUES, INDUSTRIE

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